Conversation Connectée #1 – Projet ESPRIT CURIEUX


 

Lauriane, co-conceptrice du projet

Première conversation  connectée avec Lauriane, qui nous présente son projet estudiantin « ESPRIT CURIEUX » que nous pourrons retrouver aux Grands Voisins les 24, 25 et 26 mars prochain.

 

Bonjour Lauriane, peux-tu nous présenter l’idée collective derrière ce projet “ESPRIT CURIEUX”?

ESPRIT CURIEUX est née de l’observation d’un nouvel engouement pour le cabinet de curiosité et de son réemploi dans l’espace commercial. Les vitrines de magasins, les sites de partages sur Internet (Pinterest, Instagram) ou encore les pages de magazines de mode diffusent massivement le langage esthétique du cabinet de curiosité, dont la première conséquence est de réduire sa perception à un unique amoncellement d’objets iconiques.

Crânes, animaux naturalisés, hybridations, cloches et motifs exotiques suffisent aujourd’hui à définir ce qui fut longtemps la pratique scientifique qui préfigura le musée.

Constatant la perte de sens au profit de la forme, nous avons souhaité offrir un nouvel éclairage sur cette pratique historique et culturelle, aujourd’hui devenue muséale. Plus largement, nous avons souhaité questionner la curiosité du XXIe siècle, à l’heure du numérique et des nouvelles technologies de communication.

Ainsi ESPRIT CURIEUX a souhaité réunir dans un même moment, production artistique (exposition) et réflexion scientifique (discussion). Il s’agit de rappeler, à travers l’exemple des cabinets de curiosité, l’importance de la curiosité, de son omniprésence dans notre quotidien et par son recours, de notre incroyable capacité à nous renouveler.

Toute l’équipe projet !

Nous souhaitons faire le lien entre productions passées et productions contemporaines et ainsi affirmer l’importance de la pratique de la curiosité comme génératrice de contenu mais aussi questionner le visiteur sur sa pratique personnelle, susciter son attention et légitimer cette capacité trop souvent dépréciée par l’émergence d’une société souvent critiquée car considérée comme assistée par les nouvelles technologies.

Conçu comme un laboratoire, l’événement prend davantage de sens en étant accueilli par les Grands Voisins (Paris 14e), véritable lieu hybride où l’on privilégie partages et biens communs.

 

Comment avez-vous exploité les cabinets de l’Ancien Régime pour mettre en place ce projet avec les artistes ?

Le cabinet de curiosité est d’abord le point de lancement d’une discussion, le vendredi 24 mars de 17 à 19h.

Maddalena Napolitani, doctorante à l’ENS et partenaire du LabexCAP a accepté de prendre la parole afin de nous présenter l’historique du cabinet de curiosité. Marion Duquerroy, docteur en Histoire de l’Art amènera un éclairage plus contemporain sur la pratique. Enfin, nous espérons pouvoir accueillir Edouard Wolton, artiste pluridisciplinaire qui prépare actuellement une exposition à l’école des Mines et qui par son travail illustre parfaitement le lien entre savoir scientifique et production artistique, motivé par la curiosité.

Le modèle du cabinet de curiosité est ensuite exploité dans la scénographie de l’exposition, où œuvres du passé et du présent dialoguent afin de permettre au visiteur de collecter, comparer, confronter des informations pour ainsi nourrir sa réflexion et son imagination.

Une aide à la visite sera proposée sous la forme d’un jeu de piste. On propose aux visiteurs d’associer des objets de cabinets de curiosités du passé aux œuvres contemporaines présentées dans l’exposition. Ce dispositif ludique évoque le lien perpétuel entre tradition et modernité, héritage, assimilation et renouvellement.

Science et curiosité ça donne quoi comme équation ?

A mon sens, c’est une des équations parfaite pour la médiation. Utiliser la curiosité pour communiquer, échanger et transmettre est un bon moyen pour captiver l’attention et faire participer les publics. Il s’agit de les faire réagir à ce qu’ils voient et à ce qu’ils comprennent en utilisant la spontanéité et l’imagination. Le transmission est ludique et fait appel à des qualités humaines et universelles qui ne demandent pas de connaissances spécifiques.

C’est un atout qui permet de déclencher une part de créativité et ainsi aborder la science de manière spontanée et sans connaissances particulières. C’est aussi un moyen de contourner la contraignante question de légitimité, portée par les lieux de savoirs et perçue, à défaut, par les visiteurs.

 

A ton avis, comment la curiosité pourrait-elle se transformer en un vilain défaut ?

A mon sens cela ne peut-être qu’une qualité. Il y a quelque chose d’extrêmement vif et humain dans la curiosité. Il ne faut pas chercher à la taire mais au contraire, l’encourager, car c’est ce qui nourrit la connaissance. C’est aussi un bon pied de nez à la censure.

Et puis si on réfléchit bien, même lorsqu’elle est mal venue, elle ne fait que signaler un manque ou une incompréhension, donc au final, est toujours la bienvenue.

Tu aurais des recettes (idées, envies, propositions) pour activer la curiosité des publics pour les sciences?

Choisir un dispositif adapté et savoir cibler un public sont les deux éléments essentiels que j’ai pu apprendre lors de ma formation au CNAM (**). Cela peut sembler évident, mais c’est toujours compliqué à mettre en place, car la réalité du terrain n’est pas aussi simple.

De la même manière, activer la curiosité est facile car nous avons tous cette qualité en nous, mais avant d’y arriver il faut savoir susciter l’intérêt et c’est là où le travail de médiateur commence.

La bonne recette pour activer la curiosité des publics pour les sciences est certainement d

ans le fait de multiplier les qualités de la médiatrice, du médiateur, devant être à la fois un.e bon.ne communiquant.e et suffisamment audacieux.se pour oser de nouvelles choses, tout en restant attentive – attentif aux besoins des publics mais aussi à l’évolution des pratiques culturelles.

Alors soyons curieux et créatifs (l’un n’allant pas sans l’autre), osons parler de la science autrement.

 

Retrouvez la page FACEBOOK du projet

Le dossier de presse :  Esprit_Curieux diffusion

 

 (*) Licence Médiation culturelle “Musée, Patrimoine et Expositions” – Université Sorbonne-Nouvelle – Paris 3

(**) Certificat de compétence Construction d’une opération de culture scientifique et technique


Vera De Sousa

A propos de Vera de Sousa

Freak control assumée // Anarchiste organisée // Drama Queen non déclarée et accessoirement chargée de mission Innovation & Citoyenneté